Qu’est-ce qui nous pousse à acheter un billet d’avion et conduire des centaines de kilomètres pour se retrouver dans un restaurant où l’on ne comprend absolument rien de ce qui est écrit sur le menu ? Si ce n’est pas cette quête perpétuelle du run de poudreuse vierge ou le kicker parfait, qu’est-ce qui nous fait partir à l’aventure ?
Comme le team Rip Curl a pu le comprendre au Chili, ce n’est finalement pas juste une question de rider une montagne, mais bien plus une question d’expérience dans sa globalité. Partir ailleurs, c’est comprendre ce que les autres rideurs de ce monde vivent ; que ce soit sur une colline glacée de 300 mètres ou un sommet à 3000 mètres. C’est ce mettre littéralement dans le contexte, tantôt propice, tantôt adverse, dans lequel les autres évoluent et vivent leur passion. Ca ne débouchera pas nécessairement sur une journée de ride parfaite, mais le voyage est ce qui donne une signification plus profonde à notre chère passion et ancre nos souvenirs durablement dans nos esprits. Puesta Del Sol, c’est ce type d’aventure : de l’expérience en barre, du plaisir au kilo, des couchers de soleil à la douzaine et… un hélico qui passe prendre les rideurs en haut d’un gratte-ciel !
L’été battait son plein dans l’hémisphère nord quand le team pris l’avion pour Santiago De Chile. Les snowboarders Nils Arvidsson et Nate Johnstone ainsi que les skieurs Sam Favret et Simon D’Artois se retrouvèrent tous pour le dernier trip de la trilogie voyage de Rip Curl. En comptant le team manager et l’équipe vidéo et image, cela faisait 9 personnes à ajouter aux quelques 5 millions d’habitants de Santiago. Le crew se donna deux jours pour se faire au décalage horaire et se reposer un peu tout en explorant la ville et s’en faire une impression. Globalement, tout le monde s’accordait pour dire que la ville dégage une ambiance européenne mais en beaucoup plus moderne.
Une fois les deux jours passés, il était temps de rider au cœur de la plus longue chaîne de montagnes au monde.
En terme de géographie, le Chili est plutôt simple à situer : d’un côté l’Océan Pacifique, de l’autre, la Cordillère des Andes qui sépare l’Argentine du Chili du nord au sud. Le premier point de chute de l’équipe s’appelait Puma Lodge, situé à une centaine de kilomètres au sud-est de Santiago. Pour s’y rendre, deux options très différentes s’offraient au crew. Si vous êtes le team manager RC, vous allez prendre la route de terre et ses milliers de virages en épingle et la suivre jusqu’à sa toute fin pour arriver au lodge. Si vous êtes un riche baron du pétrole russe, vous allez vous rendre au sommet du deuxième gratte-ciel le plus haut du pays pour attendre tranquillement que l’hélico passe vous prendre pour vous amener en un tour d’hélice au lodge. Les riders sont donc restés dans la logique des choses en se la jouant ‘à la russe’ et se sont rendus au sommet de la tour Titanium pour poser le genou à l’approche de leur taxi volant ! C’était au tour des barons de l’or blanc de se faire plaisir !
Pendant ce temps, Raph (le team manager) arrivait au bout de la route qui débouchait sur un grand hôtel version ‘The Shining’ mais en bien plus bling bling. On lui racontera plus tard que les fameux russes qui se retrouvaient ici ne venaient pas vraiment pour les montagnes, mais préféraient plutôt se faire livrer des ‘commandes spéciales’ qui arrivaient de Santiago en hélico et repartaient le lendemain. Pour le team, l’hélico servirait à de plus nobles causes dès le lendemain. Malheureusement, les conditions étaient pour le moins difficiles avec de fortes chutes de neige compactée par des vents forts. Le manteau neigeux était instable et cachait de nombreuses plaques de vent. Pour ajouter au challenge, les gars se rendirent vite compte qu’il était difficile de juger des distances et des dénivelés, malgré l’usage de l’hélicoptère. Le fait que la moyenne des sommets est de 4 000 mètres joue énormément sur la perception et repérer une ligne ou un couloir semblant potable pouvait vite devenir frustrant en se rendant compte que ce n’était même pas un couloir mais une très grande face! Les distances entre les sommets étaient telles qu’il était impossible de faire de l’exploration en split boards, mais bon, comme aurait dit Dimitri Petroloku : « heureusement qu’il y a l’hélico ! ». Ceci dit, les couchers de soleils magnifiques jouaient beaucoup sur le moral des gars et donnaient un arrière-plan sublime à qui voulait bien se faire une grosse rotation sur un kicker à la réception béton.
Le team laissa le Puma Lodge pour se retrouver dans un autre lodge faisant des déposes hélico, situé dans la vallée de Maipo. Réputée pour ses vignobles et ses villages d’artistes, c’est une région touristique et familiale, tout comme le lodge Andino qui attendait l’équipe.
Les rideurs furent accueillis en rois avec, le soir même, un agneau à la broche cuit sur feu de camp! (nos excuses chers végétariens). Niveau ambiance, avec les vignes qui entouraient le lodge et les montagnes au loin, on ne pouvait pas faire mieux. Le mauvais temps repris du service le lendemain et cloua l’hélico au sol, mais peu s’en plaindront avec une journée passée entre jacuzzi, massages et feu de cheminée.
Le jour même, l’équipe monta dans deux vans et pris la route pour la station de Valle Nevado et ses pentes accessibles en remontées mécaniques. Tout comme certaines grosses stations d’Amérique du Nord, la station est entièrement gérée par une seule et unique compagnie. Les restaurants, les hôtels, les shops et les pistes sont aux couleurs et philosophie d’exploitation de l’entreprise et ça se traduit par une ambiance un peu aseptisée. On peut difficilement comparer les soirées de Whistler ou les après-ski d’Autriche à Valle Nevado. Comme nous a bien fait remarqué Raph : » il se passe pas grand-chose ici le soir « .
Une autre grande différence avec ses voisines du nord : la station est à 3 000 mètres d’altitude, ce qui signifie une plus grande difficulté à respirer avec l’air se faisant plus rare. Disons que les sessions kickers ont été plus éprouvantes qu’à la normale.
Mais passons aux choses positives. Tincho, un des filmeurs, avait construit un bon jump deux semaines auparavant avec une autre équipe mais le mauvais temps les avait empêchés de rider la bête. Quel ne fût pas le bonheur du crew de retrouver un kicker intacte et prêt à être ridé comme il se doit. Une bonne session s’en suivit. Le rideur Rip Curl et local Paulo Audisio vint par la suite se joindre au groupe pour les amener vers tout ce qu’il y avait de ridable et des spots idéaux pour faire honneur aux multiples couchers de soleil.
Avec les jours qui passait, le manteau neigeux se stabilisait et permettais de s’aventurer un peu plus loin et d’exploiter le moindre recoin de neige fraîche. Il faut dire que, tout au long du séjour, les risques d’avalanche étaient tout sauf modérées et les conditions neigeuses relativement médiocres avec un vent qui n’a cessé de souffler. Alors comme il restait quelques pesos, la dernière journée se présenta comme le dessert du trip avec des déposes en hélico au programme. Lignes engagées, peuf légère et ciel bleu ; le tout couronné par un dernier coucher de soleil aux couleurs rouge et mauve…un vrai régal et une jolie fin pour clôturer l’expérience chilienne !
Les Andes étaient derrières mais il y avait une dernière destination au programme avant de repartir vers l’été du nord. Punta De Los Lobos, prêt de Pichilemu est un spot de surf mondialement connu pour ses vagues.
Pour les surfeurs, le spot évoque une mise à l’eau difficile et technique entre les rochers et une longue gauche qui nécessite un mental d’acier pour les prendre à plus de 3 mètres. C’est d’ailleurs ce genre de conditions que Nate et Sam retrouvèrent ce jour-là. Les plus grosses vagues se forment au large de deux îlots rocheux et déroulent ensuite dans la baie sur des centaines de mètres. Il y a trois sections distinctes qui permettent aux surfeurs moins courageux/plus raisonnables de prendre des vagues un peu plus petites dans la baie. C’est où Sam se plaça mais n’eut pas une session des plus mémorables.
A l’inverse, Nate fila entre les rochers, les courants erratiques et passa l’écume de deux fois sa taille pour se retrouver au bon endroit. Ce fût une session d’anthologie pour lui avec des vagues qui déroulaient sur 300 mètres et ses potes de ride qui l’encourageaient du bord avec admiration. C’est ainsi que tout le monde rentra avec des souvenirs riches et un sentiment d’accomplissement. Malgré les difficultés et les conditions moins qu’optimales, l’expérience de la découverte était là.